Que doit-on penser des nouvelles de début d'année ?

Le début d'année n'est pas rempli de merveilleuses nouvelles pour nous, qui désirons adopter. La perte de notre calendrier de jumelage en plus des informations sur le rythme de jumelage en 2008 ne nous permettent pas d'avoir des sourires grandioses.

À la lecture de plusieurs blogs et suite à nos discussions avec des amis en attente d'adoption, je réalise que nous tentons par différents moyens de rationnaliser une situation où notre implication émotive est importante et dont nous avons que peu de contrôle.

Pourquoi le CCAA veulent-ils cacher les dates ? Pourquoi un ralentissement aussi important ? Pourquoi nous?, Etc..

Nous tentons de trouver des explications diverses pour nous rassurer, nous lisons différents blogs, consultons l'opinion de chacun et essayons de garder le moral dans tout cela.

Le problème principal que nous avons est que peu de personnes peuvent analyser ces gestes et ces décisions du CCAA avec une perception à la chinoise. Je m'explique. Mes expériences passées m'ont permises d'aller séjourner en Afrique pendant quelques mois. Lors de mon départ du village, à la fin de mon séjour, un homme est venu m'offrir sa fille de 18 ans, contre mon frigo au propane. Nous pouvons être scandalisés de cette offre. Dans les premières semaines de mon séjour, j'aurais été estomaqué. Mais en y pensant bien, cette offre était, pour ce père de 8 enfants, un moyen d'assurer la survie de sa famille et sa pérénité. En effet, sa fille aurait permis à toute la famille de recevoir quelques dollars provenants de l'étranger (je vous assure qu'avec 5$, ils peuvent en faire des choses) pour pouvoir manger à leur faim et garantir différents apports (étude, vêtements, nourritures, gîte). De plus, ce frigo aurait permis à ce commerçant d'offrir des boissons fraîche et être le seul du village. Pour eux, les enfants sont un moyen d'assurer la suvie de toute la famille. J'ai refusé avec diplomatie pour ne pas contrarier cet homme de son offre très légitime pour lui. Mon séjour sur place m'a permis de comprendre bien des nuances à la culture locale et les défis qu'ils avaient à relever chaque jour.

Si l'on fait un parallèle avec cette histoire et notre processus d'adoption, nous réalisons que nous n'avons majoritairement jamais séjourné en Chine, que nous avons peut-être lu sur cette culture sans la vivre. Nous utilisons notre schème de réflexion de Nord-américain pour expliquer une situation où une multitude de données nous sont manquantes et où notre jugement est influencé par notre investissement émotif.

Mes explications n'ont pas pour but de minimiser une réalité. Nous avons, pour beaucoup, eu un espoir d'avoir une enfant beaucoup plus rapidement. En effet, lors du dépôt de notre dossier, les délais étaient d'environ 12 mois. Je découvre que l'espoir et le désespoir se côtoient bien plus que je ne le croyais. Cet espoir est devenu pour certain le désespoir d'une attente interminable.

Les décisions prises par les autorités chinoises sont basées sur des faits et sur une philosophie qui leurs sont propres et sûrement légitime pour eux, mais pour nous, peut-être injuste.

Dans cette situation, j'essai de me rappeler que nous sommes privilégiés de pouvoir adopter. Que ce privilège est un cadeau inestimable qui se fait cependant attendre.

Je termine en pensant qu'il faut faire attention de ne pas tomber dans l'écoute de rumeurs, de ouïdires sans avoir des preuves que cela est vérédique. Certains pourront peut-être me dire que je suis naïf de penser comme cela et d'un positivisme aveugle. Mais je crois que cette naïveté est saine pour conserver mon sourire d'enfant rendu grand.

Courage.

Patrice